Le nom de notre invité, il le signe lui-même à la pointe de son micro d’un Z qui veut dire ZEGUT ! Présenter Francis c’est lui faire affront, c’est aussi VOUS faire affront. Il est notre tonton à tous, enfin, si vous avez vécu de plein fouet la vague hard-rock qui s’abattait sur notre pays, nos collèges, nos lycées au tout début des années 80. Mais aussi si désormais le dimanche soir vous cherchez une oasis de rock et de pop sur la bande FM. Car sur RTL 2, il anime depuis vingt ans Pop Rock Station. Sur les réseaux, on le trouve en tapant byzegut. On a profité de cette rentrée pour taper la discute, à la cool, sans ressasser toujours les mêmes poncifs. Alors oui, on s’est un peu perdus, on s’est un peu laissés aller, et pour un peu on serait passés pour des boomers ! Heureusement, le C’était mieux avant n’a jamais été notre credo ! Installez-vous confortablement, servez-vous une bière (avec modération, selon vos limites), posez un bon rock sur la platine, ou un blues, ce que vous voulez, c’est parti…
Francis, la simple évocation de ton nom fait apparaître tout un tas de mots qui chacun justifierait une interview dédiée, alors en pensant à notre entretien, j’en ai évacué d’office certains comme « moto » (parce que je n’y connais rien) ou « AC/DC » parce que je pense que ça doit te gonfler un peu à la longue, et je ne te demanderai pas non plus ce que tu penses du dernier titre d’IRON MAIDEN ! La première question que j’ai envie de te poser, c’est « as-tu écouté de la musique aujourd’hui ? »
Je n’ai pas arrêté ! Je suis en train de faire une playlist qui s’appelle ByZegut Officiel, donc oui j’ai écouté plein de musique et j’ai encore mis plein de musique sur cette playlist. J’en suis à 85 heures de musique alors que j’ai commencé il n’y a pas très longtemps. Je réécoute, il y a des choses qui me retraversent l’esprit, je vais chercher des trucs à droite à gauche, voilà… la touche shuffle sur les plateformes, c’est formidable parce que ça te mixe un peu l’histoire, et aujourd’hui en passant la tondeuse, je t’avoue que j’avais les écouteurs, avec le téléphone, la playlist, et j’écoutais la musique.
85 heures ça fait beaucoup. Je te lisais l’autre jour, tu parlais de 900, 1000 titres… c’est vraiment à écouter en shuffle comme tu dis, ou il y a une logique dans la liste que tu composes ?
Il y a une logique. J’ai toujours dit que la musique c’était une émotion qui accompagnait toute sorte d’émotions. Donc dans cette playlist il y a les émotions de choses que j’ai écoutées récemment, et puis il y a l’émotion de ma vie, depuis « Love Me Do » des BEATLES en 1962, en passant par tout ce qui m’est arrivé, des gens que j’ai rencontrés, des concerts où je suis allé, donc c’est un mix de tout ça, une vraie tranche de vie.
Ah, donc il vaut mieux écouter dans l’ordre (je suis lourd, je sais) ?
C’est comme tu veux, la touche shuffle je trouve ça formidable. Tu passes d’un truc à un autre, un truc un peu cool et atmosphérique à un morceau de metal, ou un truc qui envoie, donc je trouve ça très bien. C’est la diversité comme je l’entends.
Venons-en à la rentrée ! Pop Rock Station reprend sur RTL2 ce dimanche, alors si c’est la rentrée pour tout le monde, souvent les élèves ont la boule au ventre, mais toi, quel est ton état d’esprit ?
Je suis plutôt détendu. Tu sais que depuis que j’habite ici, quand il fait beau, et même moins beau, on se dit avec ma femme « tiens, on va se balader au bord de la mer !», on est à 10 minutes de la mer, ça change la donne que de se dire « tiens, faut que j’aille au boulot en passant par le périphérique à moto ! », où je risquais ma vie à passer entre deux bagnoles. Et puis il y a le numérique. On parle d’internet là encore comme on en parlait dans ZiKweb sur RTL à la fin des années 90, et avec un peu de matériel ça me permet d’enregistrer tous les speaks ici, dans ma cabine son qui est juste à côté, que j’ai fabriquée moi-même en allant chez Lee Roy Merlin, avec quelques vis, bouts de bois, et de la mousse acoustique. Je fais mes progs, j’enregistre, j’envoie avec wetransfer (j’ai maintenant la fibre qui passe au bord de chez moi et pourtant je suis au bord d’un champ), donc je n’ai plus envie de remonter à Paris. J’y remontrai peut-être à un moment quand ça ira mieux, je ne veux pas prendre de risque avec ce putain de virus déjà dans un premier temps, et ici on respire différemment. Je respire bien et je peux assurer mon boulot. C’est tous les dimanches de 22 h à minuit, donc j’ai le temps de faire une prog, j’ai le temps d’écouter plein de choses, j’ai le temps d’être sur l’ordi, de trouver des news à droite et à gauche, de collecter des choses, et puis voilà une synthèse se fait à un moment. S’il manque des titres là-bas (parce qu’il en manque toujours), je les envoie également avec wetransfer. En fin compte j’enregistre quand je veux, la nuit, le jour, à mon rythme. Je bosse vraiment dans des bonnes conditions.
Ta programmation est faite de classiques, et de nouveautés aussi. Pour ces dernières, la page est blanche en début de saison. Tu vois ça comment, comme une aventure, une sorte de roadtrip musical ?
J’ai toujours cette curiosité. Il va y avoir des sorties, mais il y en a aussi eu en juin, en juillet et en août. Ca ne s’arrête pas. Je collecte, j’écoute, je me fais mes petites listes perso pour les progs, avec les nouveautés, et puis après en fonction des infos, des petites dates que je mets de temps en temps, des sons, des choses avec un esprit un peu similaire qui peuvent s’enchaîner, que ça soit de 1960 ou de 2021, je m’en fous, j’ai cet immense privilège de pouvoir faire ma prog, de la constituer comme je veux, avec mon cœur, mes souvenirs et mes oreilles. Donc c’est formidable, c’est ce que je souhaite à tout le monde.
C’est rare aujourd’hui.
C’est très rare, mais les années FM ont cultivé le business, et on a oublié la « culture musicale ». Dans les années 90, il y avait encore des animateurs (ou on laissait « encore » la place à des animateurs) qui avaient une passion pour la musique, et qui en parlaient. Après, on écoute qui on veut, on a une sensibilité pour une personne ou une autre, un genre musical ou un autre,… en tous les cas, tout cela a disparu effectivement. C’est d’une tristesse sans nom… quand tu regardes la télé, avant on avait des émissions qui parlaient un peu de rock ou de musique généralement et globalement, maintenant à part Tracks un peu sur Arte qui explore des choses de temps en temps, on n’a plus ça. En radio c’est exactement la même chose. Il reste Lang sur RTL et moi sur RTL 2. Il n’y a plus Lenoir sur Inter, il n’y a plus Lavige, il n’y a plus tous ces mecs-là qui apportaient à la musique aussi, et qui proposaient de la diversité. Tant que tu n’écoutes pas, tu ne peux pas dire j’aime pas. L’article 1, c’est ça. Donc si tu ne peux pas passer de la musique, celui qui est de l’autre côté, qui est en attente, il ne peut pas dire « ça, ça me plait parce que guitare, ambiance, machin, texte, paroles, production… » il ne peut pas. Les artistes font de la musique pour eux, et pour les autres. Et quand les autres ne peuvent pas écouter, c’est quand même un peu difficile. Heureusement il y a internet, et ça facilite les choses quand même.
C’est le gros problème : la diffusion. C’est d’autant plus incompréhensible que tout le reste de la chaîne, niveau production, peut se faire en DIY, et en très bonne qualité. Mais le dernier maillon fait défaut.
C’est ça ! Et pourtant on a vu pendant les confinements beaucoup d’artistes, de groupes, faire des choses à distance, avec un musicien à un endroit, la chanteuse là, le batteur à 500 bornes, et ça a fonctionné. C’est pareil pour les concerts j’ai envie de dire. Pourquoi aller à un concert maintenant…. enfin… je raisonne comme un vieux boomer, mais moi qui ai connu quelques concerts, sans jouer au vieux con, en buvant des bières, en rigolant, en se tapant dans le dos, et en racontant des conneries,… être assis sur un siège dans carré qui fait 4 mètres de côté, avec un masque sur la gueule, je suis désolé, ce n’est pas mon truc. Mais je pense au présent et à l’avenir proche. Les groupes vont faire le calcul, des managers vont se dire : ça va servir à quoi qu’on aille à tel et tel endroit, faire une tournée en Europe en été ? Ca fait 25 camions, multiplié par 250 mecs, les roadies, les ingénieurs du son, etc. alors qu’on peut faire autrement. Certains l’ont fait. A la limite tu prends un bon réalisateur, tu mets en scène un concert dans un endroit particulier, tu vends du ticket comme les sud-coréens de BTS l’ont fait, comme des groupes de metal l’ont fait également, ils font payer le ticket un prix modique, il y aura du merchandising derrière, la possibilité de chatter ou de voir les gens,… c’est une solution. Alors je ne souhaite pas ça pour tous ceux qui travaillent dans la musique bien évidemment, les intermittents du spectacle, et j’en connais un paquet, qui vivent une sale période en ce moment, mais il y aura toujours de l’adaptation.
A l’image du reste de la société, tout va être déshumanisé.
Oui… mais c’est la force des choses qui fait ça. Ce putain de virus… on en a vécu d’autres, mais pas comme ça quand même. Celui-là est un peu particulier. Je ne veux pas être pessimiste, j’attends des bonnes nouvelles. Voilà.
Il y a quelques jours quelqu’un a montré une photo prise lors d’un meet & greet avec KISS. Entre la personne qui se faisait prendre en photo, et le groupe maquillé et en tenue de scène derrière, il y avait… une cloison en plexiglas ! C’est aberrant !
Ca sert à quoi ?? J’ai la photo, j’ai le souvenir, ils sont en prison derrière, ou je suis en prison de l’autre côté… mais j’ai la photo ! C’est pas possible…
Chaque jour livre des surprises de ce genre.
Ca va à l’encontre même du concert, et du concept même de la musique qui est un langage universel, et une communication formidable entre les gens, toutes les nationalités, tous les peuples. Mais voilà, si tu ne peux pas boire une bière avec un pote ou aller pisser quand tu veux, je ne vais plus en concert. Faut être clair.
Car il faut le dire, c’est surtout ça qui est important en concert.
La bière. Et pisser la bière !
Pour revenir à Pop Rock Station, as-tu des échanges avec les auditeurs ? A une époque les gens venaient te voir à la radio, ça discutait…
Ca c’est fini. Dans les derniers temps, quand j’y étais encore, plus personne ne pouvait venir. Il y avait la sécurité, il fallait envoyer un mail au directeur d’antenne, aux services généraux, au mec qui gardait en bas… La relation avec les auditeurs, elle est via internet. Twitter, instagram, j’ai pratiquement 30 000 abonnés sur Facebook, ils sont là. Je les retrouve. Il y a des gars qui écoutaient Wango Tango, il y en a d’autres qui écoutaient ZiKweb, il y en a qui écoutent Pop Rock Station, et voilà. On a un échange permanent, j’y suis quand même plusieurs fois par jour, ce qui fait que je vois les messages tomber, que je réponds. Il y a un vrai échange, et pour moi c’est formidable. C’est beaucoup plus direct qu’autrement, où quand quelqu’un vient en studio tout le monde la ferme finalement, parce qu’à un moment tu vas parler ou tu passes un disque, ou tu écoutes un peu fort un truc…. alors que là tu peux causer, raconter des choses, vraiment échanger.
C’est interactif ? Tes auditeurs te font découvrir des trucs ?
Oui ça l’est aussi,…. j’ai posté aujourd’hui un truc d’un petit mec de Mâcon, qui s’appelle TomPao, qui veut ouvrir une boutique pour vendre du vinyle et de la musique à Mâcon, qui fait un petit sondage pour essayer de cibler un peu l’histoire. Il m’a dit que ce serait bien si je pouvais lui filer un coup de main, j’ai repris son petit texte, je l’ai mis sur FB, et les gens sont en train d’alimenter l’histoire. Je trouve ça extraordinaire.
J’allais t’en parler. Quand j’ai vu ça j’ai souri, parce que spontanément j’ai pensé à Max Meynier !
Oui !
En fait on pourrait faire « Les internautes sont sympas », mais seulement si c’était vrai !
(rires)
Mais l’esprit est là !
Ecoute, on fait avec les avancées et la modernité, et les inventions technologiques qui ont tout chamboulé au fur et à mesure du temps. La musique, quand elle a trouvé la guitare électrique, le blues de Chicago est arrivé, celui du Texas aussi… Quand Moog est arrivé on a mis des jolis claviers dans les années 60 sur pas mal de trucs…. Quand il y a eu Max Meynier, où j’étais au standard, il n’y avait pas de téléphones portables, pas de mobiles, pas d’internet, et donc la radio était le seul moyen de communication, et c’est vrai que c’était un échange à vivre aussi, c’était un peu le même sentiment : on te pose une question, tu interviens, si tu peux trouver une solution et si tu l’as, tu l’apportes. Transposé, c’est un peu ça.
Il faut que je te dise un truc que j’ai remarqué dans la prog de Pop Rock Station : tu as une forte tendance qui consiste à passer des morceaux chantés par des chanteuses…
(rires)
….qui généralement ne chantent pas très fort, mais de manière assez sensuelle…
(Rires) J’ai toujours été sous le charme… des ravissantes jeunes filles, d’abord… et puis de la musique parce que, même si j’ai fait une émission de metal, que j’aime le metal, et que j’en écoute depuis très longtemps, j’ai une autre face beaucoup plus mélancolique. Et ces faces, et phases, mélancoliques, se concrétisent avec des chanteuses qui chantent doucement effectivement. Mais pas que ! Il y a SIGUR ROS par exemple qui chante en Islandais, il y a DEAD CAN DANCE, il y a plein de choses comme ça… j’adore, j’adore… C’est la diversité le monde magique de la musique. Entre « Overkill » de MOTORHEAD et « Hoppipolla » de SIGUR ROS, il y a un monde. Il y a des frontières, et entre ça il y a tellement de choses !
Y-a-t’il des choses que tu écoutes mais que tu ne passerais pas en radio ?
Non. Ce que j’écoute, je ne le passe pas systématiquement parce que… faire une prog ou un pop rock station, c’est un petit peu une histoire qui se déroule, on a deux écrans de pub (un à 20mn et un à 40 mn), donc entre chaque j’essaie de créer des ambiances de 20 minutes un peu metal de temps en temps, un peu cool de temps en temps, un peu atmosphérique, un peu classic-rock… ca fonctionne comme ça.
J’écoute le podcast, je ne savais pas qu’il y avait des pubs ! (rires)
C’est bien, c’est bien…
D’ailleurs, quelle est la proportion d’auditeurs qui écoutent le dimanche soir et de ceux qui t’écoutent en podcast ?
Il y a beaucoup de monde qui écoute en podcast, c’est le podcast le plus téléchargé de RTL 2. Ca doit représenter plus de 60% des téléchargements de la radio. C’est gros !
J’ignore le reste de la programmation de RTL2, je suppose que ça chante en français…
Il faut de tout pour faire un monde ! (rires) Je fais plus un programme qui s’écoute qu’un programme qui s’entend. La journée, il y a des études, c’est un service de programmation qui fait ça, c’est carrément autre chose. Je suis un peu l’alibi. Je suis le rock de pop rock (sourire).
Et un jour tu es arrivé sur les réseaux sociaux. Il y longtemps, car tu étais un geek dans les années 90. C’est indispensable d’y être aujourd’hui ? On ne peut pas faire autrement ?
On peut faire autrement, parce que c’est un moyen d’échange humain extraordinaire mais on y voit beaucoup de cons, et de choses terribles aussi en même temps. Il y a deux faces: le dark side avec tous ces cons qui réagissent franchement de manière… conne ! Parfois c’est contre l’intelligence… et puis c’est un peu anonyme. Tu peux traiter quelqu’un de tous les noms et dire que tu n’es pas d’accord, juste pour le fait de dire « de toute façon, je m’en fous, je suis derrière mon écran, il ne me voit pas si je lui dis que c’est un con ou une salope », tu vois. Ca c’est terrible, c’est le mauvais côté pour moi. L’autre côté, c’est la richesse de l’histoire, et je ne veux retenir que ça. Pour la musique, et quand tu as des gens bien de l’autre côté, et sur facebook j’en ai beaucoup, même si tu as toujours un ou deux trolls… ça permet de faire pas mal de choses. Tu vois, depuis que j’habite en Charente-Maritime, des gens qui habitent la région sont venus sur facebook pour me dire « tiens, et si on buvait une bière ensemble ? » etc. Donc ça a aussi été le déclencheur de dire « ok, j’habite là maintenant, je suis à deux minutes ? On se donne rendez-vous là, on se boit une bière, on discute un peu de la vie et la musique… ». Ca dépend comment tu t’en sers, effectivement, mais c’est juste impossible de s’en passer pour la vie, la curiosité, pour les voyages, pour les études, pour prendre rendez-vous sur doctolib,… enfin pour réserver un billet d’avion, de train… On en peut plus s’en passer, sans ça tu vas vivre dans les bois !
Le problème souvent, c’est qu’en 30 ans, ceux qui SAVENT ont été débordés par ceux qui SACHENT !
(rires)
Et puis aussi que les rageux sont ceux qui parlent le plus et le plus fort !
Ah mais c’est toujours comme ça. On est contre tout ! La seule chose sur laquelle on doit être d’accord en ce moment, c’est contre le virus. Voilà. Le reste…. évidemment qu’on est tous contre quelque chose en fonction des sensibilités, des opinions, etc. Bon… c’est ça qui est terrible…
Et grand classique, tous ces gens qui critiquent un article en n’ayant lu que le titre, ou une vidéo sans même l’avoir regardée !
C’est ça ! Le bouquin, le film, un artiste, un peintre, s’il y a une expo et que tu n’y vas pas, que tu ne regardes pas les tableaux, à un moment tu ne peux pas dire j’aime ou j’aime pas. C’est comme pour tout, c’est ce que je disais tout à l’heure !
Tu arrives à 30 000 abonnés sur FB et tu as donc annoncé que tu allais fêter ça !
Oui, alors j’ai cherché des trucs… (Francis se penche à droite, à gauche et sors un tas d’objets) Je vais offrir des petites compil HitZroad 3 parce que j’en ai encore, j’ai mis celui-ci de côté (Pop-rock Station by Zegut vol 1) qui est beaucoup plus rare car il n’est plus édité, j’ai mis de côté (mais il y en aura d’autres) : un collector trois titres de LED ZEPPELIN, un promo cd épisode 1 de QUAKE sorti en 1996, j’ai un petit dvd de THIN LIZZY, j’ai un 45t de la BO du film Rosemary’s Baby… et j’ai…. où je les ai mises ?… Ah ! Et j’ai des K7 du dernier album d’AC/DC avec des couleurs différentes ! Verte, jaune et noire ! Voilà, j’ai fait une petite sélection cet après-midi, mais il y en aura d’autres !
Ce sera un concours, un jeu, un tirage au sort ?
Ca sera un tirage au sort. Je vais faire un truc par jour ou par semaine, on verra bien. Je dirai ce qu’il y a à gagner, et puis les gens viendront en fonction de leur sensibilité, sachant que dès qu’il y a un concours, peu importe ce que c’est, il y a des gens qui vont venir, mais ça fait plaisir de partager ça aussi. Quand j’ai ouvert mon blog en 2006, j’ai offert des disques d’or de PLACEBO, de Ben Harper, et plein d’autres choses. J’aurais pu les accrocher dans mes chiottes, mais je me dis que si je suis là, c’est grâce aux gens qui sont de l’autre côté, qui à un moment ont fait que j’ai pu durer un peu dans le temps. J’ai été collectionneur, je ne le suis plus maintenant. Donc tous ces trucs-là, à part un ou deux, je vais les faire gagner, je vais les offrir.
Est-ce que tu modères ta page ? Tu relis les commentaires, tu supprimes ?
De temps en temps parce qu’il y a quand même quelques cons, faut être clair. Quand j’ai sorti l’affiche du Hellfest récemment, ça a été un déferlement en disant « Ouais, pour qui il se prend, machin, etc. Il n’a pas à faire ça, Ca nique la com…» J’ai eu Barbaud plusieurs fois à ce propos, sur d’autres Hellfest et d’autres concerts, parce que j’ai sorti des infos, mais je ne les sors pas du chapeau ! La dernière affiche du Hellfest traînait sur le net, faut être clair, et je fais mon boulot de journaliste. Je cherche, avec des sources qui se recoupent, je fais mon job. Je ne suis pas à la solde de la com, des services de com, tu vois ce que je veux dire ? C’est ça qu’ils ne comprennent pas, parce que ce sont des mecs qui ont été formatés, qui disent que c’est à eux et que je n’ai pas à faire ça. Je pense AUX FANS d’abord ! Les affiches et les concerts, quand j’ai eu les infos pour Metallica et pour d’autres, j’en ai balancées beaucoup effectivement, pour que les mecs de l’autre côté se disent « c’est mon groupe, je vais y aller ». Ce n’est pas le fait d’être le premier sur l’info, c’est juste faire mon boulot en recoupant les infos. Et puis voilà ! Donc la grosse discussion sur le Hellfest, oui, j’en ai virés. Parce que ce n’est pas correct, tu vois. Argumente, et si tu me sors une raison valable je vais l’entendre. Si tu es là juste pour cracher, va te faire foutre ! J’ai croisé des gens sur les Hellfests qui m’ont dit merci. Beaucoup, beaucoup. Sur le net aussi. Et dans la vraie vie aussi. Les mecs qui se plaignent comme ça, « tu comprends pas… », tout ça,… je comprends très bien ! Mais je fais mon job. L’affiche du Hellfest a été sortie par un mec du Hellfest. Un bénévole. C’est comme ça que je l’ai su aussi. Si vous ne voulez pas que ca sorte, vous faîtes gaffe, vous verrouillez absolument tout, vous faites signer des contrats,.. mais il y aura toujours quoi qu’il arrive le mec qui bosse chez l’imprimeur, le coursier, le copain du copain qui bosse à la maison de disques, etc. Ca sortira toujours, ça a toujours été le cas. Quand c’était le FuryFest, avant le Hellfest, et j’en ai parlé beaucoup, ils étaient bien contents que j’en parle.
J’ai lu aujourd’hui une news au sujet d’IRON MAIDEN sur Blabbermouth, selon laquelle le groupe n’aurait pas écouté le nouvel album depuis son enregistrement il y a deux ans pour éviter les risques de fuites justement. Entre nous, je pense qu’ils auraient dû le réécouter quand même, mais bon (rires)…
Je suis allé à des trucs de temps en temps, tu étais obligé de laisser ton téléphone, sinon tu ne rentrais pas. C’est terrible… Il y a des fuites, il y a des fuites, comme tu dis ça participe au buzz. Si tu as un morceau qui fuite, l’artwork, parfois un album entier, bon bah écoute, fallait verrouiller avant, c’est leur problème.
Concernant ta page FB, tu sais si les abonnés sont plutôt des vieux fans depuis Wango Tango, où s’ils sont arrivés plutôt après ?
Alors je regarde….. le gros de la troupe, à 70 %, c’est 25-54 ans. Donc il y en a de l’époque Wango Tango, mais il y en a aussi qui écoutent Pop Rock Station, qui ont commencé avec RTL 2.
Penses-tu que le gens seraient plus apaisés si en accédant à ta page Facebook on entendait un son qui ferait « Entertainment, Entertaiiiiiinment ! » (rires)
Alors… (rires), j’ai acheté un nouveau téléphone, que je te montre, qui s’appelle le Z flip3 de Samsung. L’avantage de cette histoire, c’est qu’il se plie… tu vois… et qu’avec ça je ne vais plus avoir de problème pour faire des petites vidéos. Je poserai ça devant moi, et je vais enregistrer des trucs. Donc, il est fort possible que dans les temps qui vont venir il y ait plus de vidéos que je vais tourner moi-même en racontant de conneries ou en faisant, oui, « Entertainment !!! », ou en racontant des petites news. Ca sera plus simple avec ça, je l’ai acheté pour le côté pratique.
Tu as abandonné tes podcasts Memories By Zegut ?
Je suis en train d’enregistrer une série sur la route 66 avec le magazine Rolling Stone France, j’ai repris tous les textes que j’avais écrits, et je suis en train de les enregistrer. Donc normalement on devait passer ça au moment du road trip qui a été repoussé d’avril à septembre, et qui est maintenant repoussé à l’année prochaine au mois d’avril, donc je ne sais pas quand ils vont la diffuser. Peut-être qu’ils diffuseront les six épisodes à la place du road trip repoussé, c’est possible.
Je te propose une séquence « souvenirs ». Pas nécessairement le meilleur, ni le pire, le premier qui te vient en tête. Je te propose de commencer avec Wango Tango.
Un souvenir de Wango Tango formidable, c’est quand Perfect Strangers de DEEP PURPLE est sorti, et qu’on est allé faire l’émission en direct depuis les studios ABC à New York. Ca c’est une époque où il y avait « beaucoup » d’argent, on avait voyagé dans le salon de 1ère à l’étage du 747, on a fait le transfert de l’aéroport aux quais de New York en hélicoptère, où nous attendait la limousine, direction le Waldorf Astoria, et puis on a fait l’émission avec Roger Glover et Ian Gillan le lendemain. Il y avait un concert le soir. Et à cette même période, on est allé au Ritz à New York et on a vu le premier concert de Sting en solo. A New York, on feuilletait, on regardait les pages des shows en cours, et on s’est dit « tiens si on allait à un concert ? », comme on y était trois quatre jours,…. et c’était un concert qui était retransmis en satellite sur la France. Ca c’est un gros souvenir.
Si je te demande un souvenir de radio en général ?
Une fois, on a fait une interview avec Tina Turner, c’était en 84 ou 85, je lui pose une question, on rigole un peu, et à un moment elle se lève et se met à chanter. Et là je suis resté…. ça m’a fait…. une sorte de frisson, tu vois ? Dans la colonne vertébrale… Je me suis dit « Wow ! ». Quelle voix ! Quelle présence !
Ce sont ces petits moments qui sortent de la promo pure… des petits moments inattendus, magiques.
Oui. Maintenant le problème quand tu fais une interview, tu es autour d’une table à quatre ou cinq, tu as dix minutes pour poser une question, une question et demie, puis quelqu’un vient toquer à la porte en disant « c’est terminé ». Je ne fais plus ça. Fini. Terminé.
Un souvenir d’émoi musical ?
Le premier 45t que j’ai acheté qui était le « Love me Do » des BEATLES, c’était à Suresnes, j’étais allé faire le marché avec ma mère, il y avait une petite librairie qui vendait des 45t. Je suis rentré là-dedans, j’ai acheté « Love me Do » avec mes économies, et puis voilà. Ca a été le début de ma passion musicale. C’est devenu ma petite copine, un abri, une bande de potes, enfin.. ça reste un souvenir de môme important vis-à-vis de la musique.
Tu as toujours ce disque ?
Non, je ne l’ai plus..
Et tu avais un mange-disque ?
J’avais un mange-disque, j’avais un Teppaz, j’avais construit des enceintes, il y a longtemps, je ne sais plus si ca existe encore maintenant, on vendait de la lessive dans des barils en carton. Une fois que ma mère avait terminé le baril, je le prenais, je le découpais, et je trouvais un haut-parleur que je fixais dans le baril pour avoir un peu de basse. On bricolait des trucs comme ça, quoi…
Un monde que les moins de je ne sais pas combien d’années ne peuvent pas connaître !
(rires) Oui !
Pour finir, un souvenir de road-trip ?
Un souvenir de road-trip…. une ville qui m’a fasciné, c’est Tucumcari au Nouveau-Mexique. Quand tu traverses cette ville, c’est comme si tu étais vraiment sur la route 66, il reste un ou deux hôtels ou motels de l’époque des années 30, 40, 50, des vieilles carcasses de bagnoles un peu partout… et puis ont était tombé sur deux mexicains, dans un vieux blazer qui grinçait. Ils se sont arrêtés et nous ont dit : « Qu’est-ce-que vous faîtes là ? Vous êtes qui ? ». Bah on est français, un fait un road-trip, on fait Chicago-Los Angeles ! « Ah bon, c’est bien ça… ». Et puis je ne sais pas pourquoi mais de but en blanc on est arrivé à parler d’armes, et les mecs nous disent « Ah mais nous on a des armes dans le camion… ». Je leur dit, vous avez des armes pour quoi ? Et ils me répondent « Au cas où les oiseaux nous chieraient dessus ! » (rires).
De quoi être rassurés !
On est restés comme deux ronds de flan avec la réplique.
La pop culture ce n’est pas que la musique. J’ai vu que tu avais publié un truc sur « Les Envahisseurs » il n’y a pas longtemps.
Ah oui, la pop culture c’est tout ça aussi. J’ai grandi avec L’homme du Picardie… La péniche…
Avec Christian Barbier !
J’ai grandi avec Rin-Tin-Tin, avec Steve Mac Queen dans je ne sais plus quoi…
Au Nom de la Loi !
Voilà ! Bien sûr les Envahisseurs, et puis un peu plus tard il y a eu les Mystères de l’Ouest ! Ceux-là je les ai tous, j’ai acheté les coffret, les premiers en noir et blanc, j’ai tout ! C’était un peu James Bond avant l’heure !
Avec l’infâme Miguelito Loveless !
Oui, oui ! La nuit du Loup-Garou, la nuit de la baguette de pain ! La nuit, c’était souvent ça ! Il n’y a pas que la musique évidemment, il y a eu les séries, et le cinéma. Soyons clairs ! J’ai eu 16 ans en 1969, on parlait de Rosemary’s Baby tout à l’heure, j’aimais un peu les westerns au début, j’ai surtout aimé La Horde Sauvage de Sam Peckinpah, avec les impacts de balles et le sang qui giclait dans tous les sens, et puis il y a eu Easy Rider. C’était contre-culture, un peu révolutionnaire, un peu on lève le poing, comme les BEATLES au début des années 60 parce que quand ils sont arrivés les garçons se sont laissés pousser les cheveux, avec des coupes différentes, c’était un peu une sorte de rébellion par rapport à nos parents qui étaient quand même rigoristes, qui écoutaient Jacques Brel ou Edith Piaf, et qui étaient un peu « carrés » si tu vois ce que je veux dire. Donc oui, ça faisait partie de la rébellion comme on a tous des passages et la société provoque toujours des réactions.
Tu n’as jamais été Yéyé ?
Je n’étais pas du côté des yéyés, non. Même si je regardais Age Tendre et Tête de bois…. Oui, oui, oui, j’ai eu des petits porte-clés avec chouchou (rires) ! Tu te souviens ?
Non, ça, ça ne me dit rien !
Ah ça ne te dit rien ? (rires)
Non, mais je vais chercher !
Et mon père était communiste, donc il m’emmenait pour faire des tournées et distribuer l’Humanité et Pif !
Tu avais l’autocollant de la main de Pif sur la voiture ?
Oui c’est ça ! Glop, pas glop ! Le pois sauteur du Mexique, il y avait toujours des petits jeux à l’intérieur… comme les barils de lessive !
Bonux !
Oui, bonux ! Le cadeau bonux ! Il y avait toujours un petit machin à l’intérieur donc les mômes tannaient les parents…. Ils savaient déjà comment il faut faire !
Autant dire que même si nous avons 10 ans d’écart, nos enfances étaient moins différentes que celles de nos enfants aujourd’hui ! Pour autant on ne peut pas dire que c’était mieux avant, sinon on tombe dans les boomers !
Non, non ! C’est pas bien de dire c’était mieux avant parce que chacun vit une époque avec ce qui va avec, mais bon, à 35, 36 ans ils écoutent du rap et ça n’a jamais été mon truc tu vois. Ils graffent les murs, ils ont été graffer des métros, et ce n’est pas mon truc. Je comprends le côté un peu rebelle, tu vois, la frontière entre le bien et le mal, on va faire des trucs, on va provoquer un peu parce qu’on a des couilles, mais en même temps on a peur parce que si les flics nous gaulent…
C’était un peu le sujet de mon dernier papier, avec les vieux de LED ZEPPELIN qui n’avaient que 35 ans…
Oui, oui !
Mais les gens n’ont pas compris cela. Et ça me rappelle une interview que j’ai faite avec Rob Cavestany de DEATH ANGEL au moment où GRETA VAN FLEET était consacré meilleur groupe de rock, et alors que je lui demandais son avis, il m’avait répondu « En 80 on a fait du Thrash parce qu’on voulait faire chier nos parents, aujourd’hui les jeunes font du rock pour plaire à leur parents ! ».Ca m’avait semblé tellement juste !
(rires) Mais GRETA VAN FLEET c’est ça ! Les mecs se prennent en photo avec des tuniques…. enfin, ils ont sorti un nouvel album de merde hein, je vais être très franc, mais ils ont criblé les réseaux sociaux, je fais la mode, je mets des tuniques, des moule-burnes, je fais des photos… enfin, c’est insensé !
Il me reste des questions mais elles sont un peu connes donc je vais te les épargner…
Poses-en une ou deux pour voir !
Je voulais terminer en te posant trois questions connes, et en te laissant choisir celle à laquelle tu veux répondre.
D’accord.
La première c’est « le rock est-il mort ? »
Ouais…
La seconde c’est « le metal était-il mieux avant, et si oui, avant quoi ? »
(sourire) Ouais….
Et la troisième : « Peut-on porter un t-shirt d’un groupe dont on n’a jamais écouté la musique, et si oui, lequel ? »
(sourire) Alors…. porter un t-shirt d’un groupe qu’on n’a jamais écouté, on peut le faire. C’est très tendance, et « mode ». Il y a des gens qui ont craché sur des groupes, et que j’ai vu porter des t-shirts de ces groupes-là il y a quelques années, tu vois ce que je veux dire (rires). Et puis maintenant les groupes ont vendu leur licences à des grandes marques, et il y a des gars qui se retrouvent avec un NIRVANA sur le poitrail, ou un AC/DC, ou un MAIDEN, et ils ne savent pas qui c’est. Ils n’ont jamais écouté, c’est juste de la mode quoi.
Donc on peut.
On peut. Si on a envie, on peut.
Et si oui lequel ? Lequel mettrais-tu toi, d’un groupe que tu n’as jamais écouté ?
Ca c’est la bonne question… Un groupe que je n’ai jamais écouté ?
Oui.
Ah c’est difficile parce que j’en ai écouté quand même un paquet.
C’est pour ça qu’elle est piège.
Ah ben non, je ne vais pas te dire…. euh…. pffff… C’est vraiment piège. Je ne peux pas te dire Erik Satie parce que j’ai écouté et j’aime,…. je ne peux pas dire….. hmmm… je vais peut-être te dire un t-shirt Harry Styles, parce que je ne connais pas trop, mais ma fille très bien. Elle a un petit crunch pour lui, et pour lui faire plaisir je porterais un t-shirt Harry Styles.
Il a fait des reprises sympa.
Et il a fait des bons morceaux !
On lancera donc une souscription pour t’envoyer un t-shirt !
(rires)
(le reste de la discussion restera privée…)
Superbe interview d’un grand moooosieur ! (et de très belles illustrations, surtout une !)
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Monsieur est connaisseur !
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