METALLICA (Stade de France PARIS 19 Mai 2023)

Match retour pour Metallica au Stade de France ce vendredi, avec en premières parties Mammoth et Architects.

Nous étions restés sur notre faim après un match aller en demi-teinte il y a 48h, dont tous les souvenirs s’estompent déjà.

Mais nos héros ne sont pas des machines et la musique live n’a jamais été une science exacte, fort heureusement ! Nous l’ignorons en arrivant dans l’enceinte de Saint Denis, mais d’ici quelques heures le Comité de rédaction des Editions Larousse se réunira en urgence pour faire figurer dans leur dictionnaire les deux concerts parisiens de cette tournée M72 en exemple sous la locution « le jour et la nuit ».

Quelle incroyable soirée nous allons vivre ! Comment ? Pourquoi ? Un dosage parfait de tous les ingrédients, qui fait que tout ce qui était si compliqué avant-hier paraît aujourd’hui si simple et évident. Il aura d’abord fallu un Architects survolté toujours aussi explosif en live, mené par son charismatique chanteur San Carter qui n’eut de cesse d’haranguer la foule. Car oui ce soir le public a enfin des allures de foule. Plus nombreux que mercredi, plus bruyant aussi. A se demander si la distribution de protections auditives n’a pas pour seul but de protéger des cris, chants et hurlements qui seront ininterrompus ! Mais quelle ambiance de feu ! Merci la Sarthe ! Ah, on me souffle dans l’oreillette que je m’égare et que les 72 arborés par la majorité du public n’ont aucun lien avec nos amis Manceaux…. Mea culpa, Lux aeterna, carpe Diem, et cætera. Mais pour le reste ? Le sort nous a placés à la même hauteur mais dans un angle différent de celui de mercredi par rapport à la scène centrale, suffisamment pour que tel Moise devant les flots la vue s’ouvre devant nous. Magnifiée ! Même ces tours gigantesques plantées autour de la scène, ces espèces de moulins à prières tibétains géants, nous paraissent plus proches (ce qui n’est pas le cas) et utilisées à meilleur escient que mercredi, diffusant quasi uniquement des gros plans des musiciens dans le feu de l’action. Le son quant à lui est toujours au top (à quelques rares exceptions). Toujours pas de gobelets aux couleurs de l’événement cependant. Ils ne sont pas même consignés (sauvons la planète mais pas tout de suite) et les premières notes de « It’s a Long Way To The Top » lancent le top départ du bal des gobelets volants, avec au cours de la soirée lorsqu’ils atteindront la scène le pied droit de Kirk dans le rôle du système Patriot. Dans les gradins on relève la présence de nombreux jeunes enfants d’une dizaine années accompagnant leurs parents trentenaires et probablement de facto initiés à Metallica par le succès planétaire du black album venus en couple (les parents) avec fierté (toujours les parents). Profitons de cet instinct pour ne pas totalement incriminer RTL2 comme nous l’avons injustement sous-entendu dans notre précédent compte-rendu, cette radio n’est pas responsable de tout, c’est aussi générationnel.

Alors qu’Ennio Morricone termine de s’extasier sur l’or (monseignor) une trappe s’ouvre sur la scène et laisse entrevoir le sommet des cymbales de la batterie. Notre esprit taquin se prend à imaginer le speaker intervenir pour nous annoncer que l’ascenseur étant bloqué, Lars Ulrich jouera ce soir exclusivement en sous-sol. Nous rions intérieurement avant d’être violemment ramenés à la réalité par les premières mesures de « Creeping Death », signes d’une soirée qui sous les hurlements de tout le stade démarre sous les meilleurs auspices, le corps entier parcouru de frissons. « Meurs ! Meurs ! Meurs ! » A défaut de nous tuer, cette entame nous mène directement au paradis. « Harvester of Sorrow » suit tandis que les clameurs du public nous perforent les tympans. A cet instant, il est acquis que la soirée va être particulièrement jubilatoire, pour ne pas dire jouissive. Car tout est à l’avenant. Le jeu des musiciens, les interactions d’Hetfield avec le public… nous l’écrivions plus haut, « le jour et la nuit ». Autant mercredi était scolaire, autant ce vendredi est hystérique. « Cyanide » et « King Nothing » mettent le jeu de Trujillo en valeur, avant la première pause destinée à déplacer la batterie de Lars, soit deux minutes de vide casseur d’ambiance. Cela se reproduira deux fois mais sera nettement mieux géré que mercredi car mis à profit pour lancer l’intro des titres suivants.

« 72 Seasons » génère une belle ovation et les mouvements de foule dans la fosse repartent de plus belle ! Le titre est repris en chœur, et son enchaînement avec « If Darkness… » ravit le stade. Petite pause imprévue de deux minutes, alors que les techniciens s’affairent autour de la batterie de Lars, qui n’entame par l’ardeur du public à donner de la voix. Il est monstrueux, et récompensé par une sublime version de « Welcome Home (Sanitarium) » qui recueille un gros succès à l’applaudimètre.

La nuit est tombée, la scène se pare de jaune, c’est « You Will Burn », un nouvel extrait du dernier album qui s’impose encore facilement. James plus loquace que jamais montre qu’il s’intéresse aux pays qu’il traverse et déclare « vous êtes en vacances en ce moment, hein, c’est ça ? ». Bel effort. Lorsque les premières notes de « The Unforgiven » se font entendre après « The call of Ktulu », les téléphones portables illuminent les gradins tendis que le public entonne sa mélodie. Séquence émotion 90’s… qui se poursuit avec le puissant « Wherever I May Roam » pendant lequel on imagine qu’un savant fou a trouvé le moyen de couper par intermittence la gravité dans la fosse, où la foule est devenue houle. Hetfield annonce une chanson écrite en hommage à Amy Winehouse, « Moth Into Flame », que Hammett démarre tout seul plusieurs secondes avant d’être rappelé à l’ordre. Les inconvénients d’un groupe éparpillé sur une si grande scène… et le moment de s’interroger peut-être sur ce qu’il entend dans ses moniteurs ? Le morceau reprend de plus belle, accompagné des premiers effets pyrotechniques (comme par hasard).

Le groupe se lance alors dans le dernier quart du concert aux allures de bouquet final. Le public est intenable. La basse de Trujillo est encore une fois particulièrement mise en avant, mais sature sur « Battery ». Si « Whiskey in the jar » est joué, et c’est un mystère qu’il nous faudra élucider un jour, c’est visiblement une fois de plus à la grande joie des spectateurs et force nous est de reconnaître que son caractère festif et la communion que génère cette interprétation n’en font pas un choix si incongru alors que la fête touche à sa fin. Elle nous donne en outre, et ça n’a pas de prix, l’opportunité de voir Rob Trujillo arborer fièrement un t-shirt Johnny Hallyday (Tour 66). À ce niveau de bonheur, il est manifeste que plus RIEN ne peut objectivement paraître incongru. « One » et « Enter Sandman » finissent d’enflammer un stade (Allumeeeeeer… le feu !) qui s’est embrasé il y a plus de deux heures sans que jamais l’incendie ne soit en passe d’être maîtrisé.

Metallica au SDF en 2023 ?

Deux stades, deux ambiances !

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