JUDAS PRIEST, si vous aimez les chiffres ronds, ce sont plus de 50 millions d’albums vendus en plus de 50 ans de carrière. Dans le détail, ce sont 18 albums studio entre 1974 (Rocka Rolla) et 2018 (Firepower), et une carrière exemplaire avec plusieurs points d’entrée (sans jeu de mot). Depuis leurs débuts à Birmingham, comme tous les grands groupes de metal dignes de ce nom, les anglais n’ont probablement jamais commis de mauvais disque, n’hésitant pas à s’adapter aux modes (quand ils ne les lançaient pas!) sans se travestir ni se trahir, faisant toujours savamment rimer riffs et puissance. Sans surprise, la période faste est celle qui s’étend du milieu des années 70 à la fin des années 80 (5 albums en 5 ans dans les années 70, 6 albums dans la décennie 80, pour 2 dans les années 90 et 5 depuis… 22 ans!). Avec une carrière si longue, chaque génération de métalleux aura vibré sur une période précise. C’est pourquoi il nous est apparu nécessaire de revenir aux fondamentaux en rappelant les évidences. Si vous ne connaissez pas le groupe, ou mal, si vous cherchez à faire de la place dans cotre cédéthèque, voici pour vous le TOP 5 des albums incontournables de la bande à Ian Hill (bassiste de JUDAS PRIEST et seul membre fondateur à avoir joué sur tous les albums !).


Avec Painkiller, Judas Priest revient de manière aussi inattendue qu’inespérée au metal sans concession après une parenthèse de 5 ans passée à (tenter de) séduire les radios US et MTV. Exit Dave Holland à la batterie, présent depuis fin 1979 mais grandement suppléé par l’électronique sur sa dernière prestation (Ram It Down – 1988), qui cède la place à Scott Travis. Ce dernier apporte au groupe sur cet album un regain d’énergie indéniable sensible dès l’intro du titre éponyme qui envoie des stères de petit bois. Judas Priest est encore au top de son art et s’il ne se réinvente pas il extrémise sa musique pour coller à l’air du temps, celui où le metal, s’il ne le sait pas encore, vit ses derniers mois d’hégémonie. Rob Halford fait encore montre d’un registre étendu, et des titres comme la triplette « Night Crawler » / « Between the Hammer and the Anvil » / « A Touch of Evil » en début de face deux sont imparables , tandis que « Painkiller » devient un hymne. Cet album est malheureusement le chant du cygne d’un groupe qui verra ensuite ses membres aller, venir, et revenir pour des œuvres qu’il est difficile de qualifier de majeures, quand bien même le dernier album en date (Firepower – 2018) n’est pas dénué d’intérêt, malgré l’absence de K.K. Downing, la maladie de Tipton, et le registre désormais limité d’Halford. Le temps est une pute.


Attention ! Le 4ème album studio de JUDAS PRIEST n’est ni plus moins qu’un game changer ! Si les précédents avaient fait des étincelles, celui-ci met littéralement le feu aux poudres : nouveau logo, nouvelles thématiques, direction affirmée… tout ici (sauf encore la production) suinte le heavy metal dans ses balbutiements les plus excitants ! Stained Class est le creuset dans lequel les futurs héros de la NWOBHM et autres ont siphonné leur précieuse inspiration. Rien que le titre d’intro « Exciter » figure au panthéon des morceaux emblématiques ! Cette intro à la double grosse caisse, ces riffs, ses solos, ces harmonies…. et que dire du chant d’Halford, perché dans la stratosphère quasiment tout au long des neuf titres ? Désireux de se débarrasser des ambiances musicales de la décennie 70, mais aussi peut-être de s’opposer au punk, JUDAS PRIEST prend une direction radicale totalement à contre courant et sans le savoir pose les bases d’un heavy metal froid et déshumanisé à l’image de cette pochette hypnotique, peut-être la plus belle des nombreuses œuvres énigmatiques ou stylisées qui orneront leurs albums. A la batterie, outre sa mémorable double, Les Binks dynamite la musique du groupe et compose l’un des classiques de JP, « Beyond The Realm of Death ». C’est aussi avec cet album que Judas Priest débarque pour la première fois aux US, et sur celui-ci que l’on trouve la reprise de SPOOKY TOOTH, « Better By You, Better Than Me », qui leur vaudra une décennie plus tard un retentissant procès fort médiatisé pour insertion de message subliminal incitant au suicide ! Quand on vous dit qu’il y TOUT sur cet album ! Le morceau éponyme est une tuerie d’un autre temps, et les riffs de « Saints in Hell » ou « Heroes End » de petites pépites qui auront fait bien des petits. Quant à « Savage », mettez bien l’intro en sourdine de peur que les vocalises d’Halford (qui alors devait forcer pour chanter bas – un comble) ne viennent faire exploser votre collection de Baccarat ! Stained Class est un monument fondateur. Fall to your knees and repent if you please !


Oui, un album live « à peu près » dans ce top, mais quel album ! Enregistré (paraît-il) à Tokyo lors de la tournée Killing Machine (1978), on y retrouve le line-up en place depuis Stained Class (1978). Il s’agit du premier album du groupe produit par Tom Allom qui en début de carrière fut entre autre ingénieur du son sur les trois premiers album de Black Sabbath. Tom Allom produira ensuite Judas Priest en studio jusque Ram It Down (1988), avant de revenir non sans succès en 2018 pour Firepower. Dire que cette collaboration fut dantesque est un euphémisme. Alors pourquoi diable un live « à peu près », et bien parce que beaucoup de doutes germent à son écoute : chant parfait, prise de son limpide et puissante, tout y est trop beau. Mais dans le même temps les titres sont tellement transfigurés qu’il est difficile de faire la fine bouche. Rob Haford concédera plus tard avoir refait les prises de chant en studio car lors du concert il aurait été « grippé ». Soit… Qu’importe, cet album est une tuerie et l’un des meilleurs live de tous les temps ! Il est aussi de facto le best-of des premières années de Judas Priest, avec une réinterprétation moderne et hautement metal de ses titres les plus puissants, dotés ici d’une qualité sonore et d’une énergie explosives, TNT-esques ! Il est aussi le compagnon idéal de Stained Class dont un seul titre y figure. A cette époque, le groupe est désormais tout de cuir vêtu, et la pochette du vinyle qui fit fantasmer nombre d’adolescents montre le groupe en pleine action (Rob Halford debout coté pile, Rob Halford assis sur sa moto côté face) sur une scène dont il est permis de douter qu’elle soit japonaise, avec en bas en caractères typés « à la japonaise » penchés la mention Live in Japan. En s’en approchant, il est indéniable que cette pochette sent la sueur ! Le live démarre avec une version tonitruante d’ « Exciter » à laquelle s’enchaînent dans un maelström de fureur et de muscles bandés des versions testostéronées de «Running Wild », « Sinner », « Ripper », etc. A ce stade, l’auditeur est soit inanimé au sol, soit parti courir nu en hurlant dans la rue ! Rob Halford est particulièrement en voix (tiens donc), impressionnant, et la star de l’enregistrement ! Tous les musiciens sont au taquet et clairement audibles. Cet album est fabuleux. Sa version originale contient neuf titres (quatre de Sad Wings of Destiny, deux de Sin After Sin et autant de Killing Machine, et dont un seul de Stained Class). Sept autres titres sortiront les années suivantes en bonus tracks de cd notamment, mais la substantifique moelle est sur ce vinyle. Notons que si Les Binks est présent à la batterie sur l’album et figure dans ses crédits, il est invisible sur la pochette, masqué par Halford (debout et sur sa moto), de sorte qu’on peut se demander s’il était vraiment là lors de la session photo. Il quittera Judas Priest dans la foulée, le management refusant de le rémunérer pour cet album live…. There is no business like show business.


Celui-là, il faut le remettre dans le contexte. British Steel est le sixième album de JUDAS PRIEST, et sort au moment du big bang de la NWOBHM. Trois jours avant le premier album de Maiden ! Vous imaginez la cacophonie métallique de l’époque ? Si comme votre serviteur vous n’aviez alors pas même 13 ans, le choc fut brutal (sans même évoquer la fulgurante pochette provoquant votre adolescence imberbe et qui justifia l’achat compulsif !). Car alors que la jeunesse s’empare des scènes hard-rock, JUDAS impose sa maturité froide, calculatrice, violente, rapide, destructrice. Désormais toute de cuir vêtue, la bande à Halford s’arcboute avec l’arrivée de Dave Holland à la batterie sur un line-up qui enchaînera six albums en neuf ans, qui constitueront le noyau dur de leur discographie. Tout dans cet album et ses neuf titres est magique. La production froide de Tom Allom, les riffs en pagailles, la batterie métronomique, le groove, le chant, sont dégagés définitivement des années 70. Les breaks sont nombreux, les plages de riffs vont crescendo, les solos terrassent et transpercent les ténèbres. British Steel est un véritable rouleau compresseur. Judas Priest donne une leçon de maîtrise parfaite. Sur la version d’origine de l’album, ses deux faces s’ouvrent sur deux hits : « Breaking the Law » et « Living After Midnight ». Pour la petite histoire personnelle, 43 ans plus tard, « Breaking the Law » est encore la carte joker musicale que nous sortons entre amis en cas de désaccord sur une discussion insoluble. Ce titre d’à peine plus de 2:30 est l’alpha et l’oméga de la perfection. Et le reste de l’album est à l’avenant : « Grinder », « Rapid Fire », « United », « Metal Gods », « Steeler ». Qu’ajouter ? Deux autres titres, les seuls à dépasser les 4:30 et placés en face 2, colorent l’album d’une facette plus lourde et sombre (« You Don’t Have to Be Old to Be Wise » et « The Rage ») mais d’une efficacité tout aussi froide. British Steel est l’album dont il est impossible de dire du mal. Celui par lequel JP devint metal.


Attention chef d’œuvre ! Terme galvaudé s’il en est, mais quand il faut, il faut ! Screaming For Vengeance est le huitième album de JUDAS PRIEST, sorti en l’an de grâce 1982 alors que les jeunots de la NWOBHM tournent désormais à plein régime (quelques mois plus tôt, Maiden a sorti The Number of the Beast), et que d’autres groupe plus « anciens » tels SCORPIONS sortent les crocs de manière plus ostensible (Blackout vient de paraître). JUDAS PRIEST tend donc ses serres et fond sur ses concurrents pour une distribution de mandales nucléaires et remettre les choses à leur place ! Une des grosses forces de cet album est une fois de plus la production de Tom Allom qui opte pour un son aussi clinique qu’organique, pas encore trop polissé pour les radios comme cela deviendra le cas dès l’album suivant. L’autre grand artisan de ce succès est Rob Halford, déchainé, électron libre prodigieusement éclatant, définitivement majestueux. Cet album est un concentré d’étincelles, de mèches allumées, d’explosions dont le point d’orgue est le titre éponyme aussi foutraque que parfaitement maîtrisé qui ouvre la face 2. Du grand Art jouissif ! Alors quand s’enchaîne à ce morceau « You’ve Got Another Thing Comin' », difficile de garder ses esprits ! Et quand l’album s’achève avec « Devil’s Child » (Quel riff ! Quel refrain ! Quel chant !) qui garde en lui l’ADN de British Steel jamais renié, la seule réflexion qui vient est : « Déjà ? »! Car depuis « Electric Eye » l’album, riche de sa diversité, s’est déroulé dans une urgence qui n’a jamais faibli un instant malgré les différences de tempos et d’ambiances. Tout l’album est une tuerie intemporelle, dont un titre résume parfaitement à lui-seul les sensations qu’il procure : pain & pleasure !
J’avais reçu le début de cet article par e-mail et j’attendais la suite dans ma boîte, mais face à mon impatience j’ai cliqué et découvert la suite…
C’est vrai que stained class est un monument il représente bien la période British Steel de Judas Priest avec killing machine et BS…
J’adore
Christophe
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Merci Christophe ! La fin arrive ! Stay tuned !
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