MARILLION (Le Zenith PARIS 23 octobre 2022 / Le Zenith NANTES 31 octobre 2022)

MARILLION reprend avec An Hour Before It’s Dark son rythme régulier de six concerts chez nous pour promouvoir la sortie d’un nouvel album, ce qui ne s’était plus produit depuis dix ans et Sounds That Can’t Be Made. Un bail. S’il en fut quantitativement de même pour le fabuleux F.E.A.R (2016), album qui leur avait valu jusqu’à une belle page dans Paris Match, ils ne s’étaient pourtant alors produits qu’irrégulièrement sur une période de trois ans, dont un éblouissant concert au Zénith de Paris le 07 octobre 2017 où, accompagnés des musiciennes de In Praise of Folly, ils avaient répété d’une certaine manière le premier concert historique (pour eux) qu’ils allaient donner au Royal Albert Hall six jours plus tard et dont cet album leur avait ouvert les portes. Jusqu’à cet automne, le groupe n’avait plus joué en France depuis le 10 décembre 2019 à Caluire-et-Cuire, et la veille à Paris à la Salle Pleyel. Sur ces dates accompagnant la sortie de l’album With Friends From the Orchestra, l’étape parisienne dans cette salle mythique reste encore une énigme tant, malgré de belles surprises comme ce chœur accompagnant le groupe sur « Man of a Thousand Faces » et « The Space », le public y apparut amorphe, religieusement muet. A tel point qu’après deux ou trois morceaux, Steve Hogarth (chant) s’interrogea en ces termes en s’adressant à la salle  : « Le son est curieux dans cette salle, on ne vous entend pas. ». Et pour cause. Mais qu’attendre au niveau ambiance d’une salle à la décoration digne des pays de l’Est où on interdit au public de pénétrer dans la fosse un verre à la main ? On ne nous y reprendra plus !

Après deux ans de disette live, pandémie oblige, MARILLION a repris le chemin de la scène depuis novembre 2021. Au Royaume-Uni d’abord, puis cet automne pour une tournée intitulée « UK & EUROPE », puisqu’il faut maintenant différencier. Pour la France le groupe y enchaîne des dates à Lille, Dijon, Paris, Grenoble, Bordeaux et Nantes.

Ce 23 octobre, le tour bus s’arrête au Zénith de Paris. Un Zénith en petite configuration, mais rassemblant toutefois plusieurs milliers de fans. Si les places assises sont toutes occupées, la densité de la fosse est plus qu’agréable pour y passer un excellent moment. Marillion reproduit la recette de la tournée F.E.A.R. en commençant par interpréter son dernier album en intégralité et dans l’ordre. Avec une quinzaine de minutes de moins au compteur que son prédécesseur, An Hour Before It’s Dark, dont les sombres thèmes sociétaux sont contrebalancés par de savoureuses ambiances plus pop et groovy qu’à l’habitude, passe avec brio l’épreuve du live, Steve H étant particulièrement en voix. A 65 ans, il demeure plus que jamais sur scène ce gamin facétieux aussi à l’aise pour capter l’attention et servir les morceaux que pour se perdre dans de surprenantes digressions. Comme si le temps n’avait pas prise sur lui. Toutes les épreuves de ces dernières années passent musicalement en revue. Difficile de ne pas entrer en symbiose avec le groupe, sa musique, les thèmes de ce magnifique album. Parmi les moments forts non musicaux, citons la présentation du sixième membre du groupe sur scène pour toute la tournée : le percussionniste septuagénaire portugais Luis Jardim, sommité du monde musical qui participa il y a 25 ans au premier album solo de H (Ice Cream Genius) et joue sur An Hour Before It’s Dark. Dire que ceux-ci s’entendent comme larrons en foire est un euphémisme tant leur connivence silencieuse est éloquente. Citons aussi la célébration impromptue de l’anniversaire du fils de Steve H, Nial, qui depuis des années lui apporte sur scène ces instruments dont il ne joue jamais plus de trois notes ! Et aussi la présentation des titres dont « The Crow and the Nightingale », issu du dernier album, dont le chœur présent sur le disque n’est pas là ce soir « parce que nous ne pouvons nous le payer » indique H, avant de poursuivre « et puis il n’y aurait pas eu la place sur scène, vu qu’elle est entièrement occupée par mon ego » (Tandis que dans le coin droit de l’immense scène du Zénith, Steve Rothery opine avec force du chef). Après l’émouvant final de « Care » qui clôt le nouvel album, Marillion enchaîne quelques incontournables qui ravissent l’auditoire : « Somewhere Else » tiré de l’album du même nom, « Mad, Wave, The Great Escape » (de Brave), et aussi « Afraid of Sunlight » (de l’album du même nom) sur lequel votre serviteur s’époumone. « The New Kings » (de F.E.A.R.) et « Sugar Mice » (de Clutching At Straws) clôturent une soirée hors du temps. Comme ils nous avaient manqués ! On retiendra aussi de cette soirée un seul changement vestimentaire pour Steve H, et l’absence de toute vidéo pour accompagner les morceaux. Finalement, c’est peut-être vraiment fini l’abondance ?

Lundi 31 octobre, après être entre-temps passé par Grenoble et Bordeaux, Marillion est à Nantes. On prend les mêmes et on recommence ! Toujours dans un Zénith en petite configuration, toujours avec des gradins combles et une ambiance idéale dans la fosse, toujours sans projection, et seulement deux tenues de scène pour Steve H. On ne le dira jamais assez, mais dans ce genre de salle, où elle est plus large que profonde, les concerts se vivent dans la fosse. Debout. A fortiori avec Marillion. Le groupe est en aussi grande forme qu’à Paris, H évoque Leonard Cohen, explique « Sierra Leone », plaisante avec Jardim, embrasse Pete Trewavas (basse) sur la tête,…. mais tient entre les titres un discours différent de celui de Paris, comme s’il ne vivait à chaque fois que l’instant présent, pour donner à chaque prestation sa propre identité. Marillion n’est pas un groupe juke-box, et son frontman en vrai électron libre n’a jamais été adepte du discours formaté. Le groupe donne ce soir son premier concert à Nantes et s’en dit ravi. Le public semble penser au moins la même chose, tandis que votre serviteur s’époumone à nouveau sur « Afraid of Sunlight ». Si « The New Kings » est absent de la setlist, il est avantageusement remplacé par « Quartz » (tiré d’Anoraknophobia (2001)), mais aussi un « Easter » improvisé en guise de cadeau bonus qui fait dire à Hogarth : « Si on le foire, on arrêtera au milieu ! ». Bien évidemment, ce classique est interprété « comme il faut » et permet comme à l’accoutumé à la guitare de Steve Rothery de briller de mille feux. Entendre pour la deuxième fois en live en si peu de temps l’intégralité de An Hour Before It’s Dark est un régal pour les oreilles mais aussi le cœur et l’âme. Il est étonnant de constater comment deux albums successifs donnent lieu à deux tournées aux ambiances si différentes, mais autant émouvantes. Les fans présents ce soir, debout et applaudissant à tout rompre après le dernier rappel, n’y seront pas restés insensibles. Il y a indéniablement de la magie chez Marillion, qui se plaît depuis fort longtemps à considérer ses fans comme une famille. Faut-il dès lors s’étonner que votre serviteur, encore lui, ait fini la soirée coincé dans l’ascenseur de son hôtel à taper la discute avec le cousin de Mark Kelly (claviers) ? Probablement pas…

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