QUEENSRYCHE « Digital Noise Alliance » (2022)

Queensryche-DNA

Monsieur JOURDAIN faisait de la prose sans le savoir. Queensrÿche tentent de nous faire croire qu’ils sont subtils malgré eux. Cet acronyme qui n’a aucun sens ( « Alliance de Bruit Digital », non mais, sérieux ?) est au mot d’esprit ce que Grand Corps Malade est à la poésie. Une expérience du néant. Une cause d’anévrisme. Onze ans après le split, la scission (le Big Bang !), la bande des quatre n’est plus que deux. On y a cru pourtant. Nous les premiers. Wilton, Jackson, Rockenfield et Lundgren, les dissidents lassés du tyran Geoff Tate avaient finalement laché l’affaire et déployé leurs ailes puis découvert la perle rare en Todd La Torre, le clone de tous vos chanteurs préférés, qui un temps fit illusion. L’ADN de Queensrÿche c’était eux ! Qui pouvait en douter alors qu’ils sortaient un album sans titre plutôt réjouissant (2013), deux mois après que Tate leur ait grillé la priorité avec un opus certes rageur mais conçu dans la précipitation par des mercenaires ternes. 1-0, l’affaire était entendue. Oui mais… L’ADN du gang du Seattle (Bellevue, pour être précis) était majoritairement composé des gènes de Chris DeGarmo (le guitariste et principal compositeur qui prit la poudre d’escampette en 1997) et de Geoff Tate. Ceux qui sont cruellement absents aujourd’hui, et n’ont jamais été remplacés quoi qu’on veuille nous faire croire. Avec le départ de Rockenfield, pour des raisons que l’on aimerait bien voir éclaircies un jour, et récemment du guitariste soliste Parker Lundgren (parti s’occuper de son magasin de guitare et d’une chaîne de boissons chaudes ouverte avec sa femme….), il ne reste plus du Queensrÿche d’avant que le bassiste et le guitariste rythmique, lesquels ont trouvé la perle rare pour compenser le départ de leur soliste : Mike Stone, qui officia au sein de Queensrÿche de 2003 à 2009 et notamment sur les albums « Tribe » (2003) et « Operation Mindcrime II » (2006) avec le succès que l’on connait (nous plaisantons). Rappelons pour mémoire que Chris DeGarmo sortit de sa retraite pour co-composer et jouer sur 5 des 10 titres de « Tribe », nous ne ferons pas d’autre commentaire, si ce n’est qu’il nous apparaît évident que le retour dans le groupe de Stone n’a qu’une raison, évidente : il en connaît le répertoire « historique » et n’a pas eu besoin d’être briefé pour monter immédiatement sur scène et y jouer une setlist composée depuis longtemps à 99 ou 100 % de titres issus des 4 ou 5 (dans le meilleur des jours) premiers albums. Pour « Digital Noise Alliance », le groupe au complet (Wilton et La Torre, vous suivez ?) s’est retrouvé en studio avec leur producteur attitré, Christopher « Zeuss » Harris, lequel vante aujourd’hui le résultat obtenu sur l’argument plutôt stupide que Wilton a enregistré sur les amplis qu’il utilisait au début du groupe…. Et donc ? Bref, nous y avions cru. C’est vrai. Et nous aurions aimé. Mais.. force est d’accepter que ce quatrième album de Queensrÿche 2.0, sans être désagréable, est d’un indigence musicale rare, insipide, transparente. Vous pouvez enlever votre Damart, il ne vous donnera aucun frisson. Sans le virevoltant Lundgren (dont cet album invite de manière surprenante à redécouvrir le jeu sur les précédents, un seul être vous manque, tout ça, tout ça… On en viendrait presque à trouver « The Verdict » sublime !), il ne reste plus que des riffs génériques assez patauds, et un Todd La Torre de plus en plus perdu dans l’auto-tune. Encore un léger effort et il rendra Booba jaloux. Mais peut-être est-il nécessaire qu’il en fasse des tonnes pour combler le vide ? Alors oui, parfois on pense encore au Queensrÿche des origines, mais de moins en moins souvent, comme un vague écho tournant en boucle au fond de l’univers, que bientôt seul James Webb captera, et encore, difficilement. Surgit alors parmi les fans du groupe l’argument que cet album serait progressif. Il aura suffi pour cela d’un pont avec une basse jouant trois notes de manière anémique, ou de quelques roulements sur des toms de batteries dans un silence intersidéral.. (soupir). Mais où sont les guitares bordel ? Que reste-t-il de Queensrÿche aujourd’hui ? La question est posée, et cet « A.D.N. » n’apporte aucune réponse satisfaisante. D’autant qu’il s’achève avec une reprise de « Rebel Yell » de Billy Idol. Un choix curieux, pour ne pas dire hors de propos, qui attisa cependant notre curiosité et nous laissa dubitatifs car après l’avoir écouté, et découvert que La Torre y chantait comme Billy Idol, tout s’éclaircit. La Torre est peut-être le dernier membre à donner une crédibilité à cette version de Queensrÿche, mais…  Il a chanté « comme » Midnight dans Crimson Glory, puis « comme » Geoff Tate, et « comme » Billy Idol quand il le faut. Et bien en plus ! Ne serait-il pas le Laurent Gerra du métal ? Peut-être même est-ce lui qui chante sur le dernier Ozzy ? Serait-on surpris de l’apprendre ? Et le reste du groupe là-dedans ? Quelle importance… L’ADN c’est bien, mais ne devrait-il pas y avoir du plaisir là où il y a des gènes ?

oreilles2_2

QUEENSRYCHE
« Digital Noise Alliance »
Roadrunner
Sortie le 07 octobre 2022

 

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