Pourquoi on fait « ça » ?

Je reçois aujourd’hui le premier roman de Nick Kent paru chez Sonatine, The Unstable Boys. En page 4 de couverture, je lis « Il ne faudrait jamais rencontrer ses idoles ». Une manière péremptoire mais ô combien pertinente de revenir sur le célèbre questionnement « Peut-on séparer l’homme de l’artiste ? ». Je n’ai pas encore ouvert le bouquin, je vous en parlerai plus tard, mais il m’est difficile de ne pas m’attarder sur cette affirmation. Il faut sûrement être aussi con qu’un fanzineux bénévole pour se laisser interpeler par ce genre de considération, je vous le concède volontiers et l’assume tout autant, sans honte ou avec, comme vous voulez, peu m’importe. Après avoir passé 20 ans de ma vie à rencontrer et échanger avec des auteurs de comics, et une quinzaine à faire de même avec des musiciens, je ne peux m’empêcher de retourner sans cesse dans ma tête cette question éminemment plus existentielle : « Peut-on séparer le journaliste du fan, ou pire encore de la groupie ? ». Il suffit de lire les interviews publiées ici et là pour voir que la réponse se lit bien souvent entre les lignes. Ces deux questions fondamentalement indissociables n’ont pas de réponse simple. Car les artistes tout autant que ceux qui les rencontrent sont avant tout humains, avec leurs défauts, leurs qualités, la complexité et les stigmates de la vie qui les ont façonnés. Qui les rassemblent ou les opposent. Bien sûr, 99,99 % des rencontres (peut-être plus) resteront sans aucune suite ne serait-ce même qu’un simple souvenir. Ces rencontres ne sont que ça, des rencontres le temps d’un échange. On est toujours le con de quelqu’un, et vice-versa. On peut aussi « matcher » sur des considérations loin de l’artistique et sympathiser pour de vrai. C’est d’autant plus chérissable que c’est rare. Très rare. Combien en 35 ans de sacerdoce ? Cinq ? Six ? Dix ? Suffisamment en tout cas pour justifier l’investissement de ce temps si précieux, qui l’est de plus en plus alors que passent les années. Alors tout ça pour « ça », oui, mais un « ça » qui n’a pas de prix, finalement. C’est tout ce qu’il en restera et c’est énorme.

Pardonnez-moi cette digression, je me lance désormais dans la lecture.

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