BLACK SABBATH « The End » (2017)

Le dernier concert de Black Sabbath s’est tenu à Birmingham le 04 février 2017. Un enregistrement, un dvd, un joli coffret avec des pin’s, relatent cet événement historique. Nous avons eu la chance d’en être. En toute simplicité, car c’est bien ce qui caractérise le groupe. Retour sur nos impressions sur cette soirée inoubliable.

J’ai découvert il y a maintenant quelques années que je souffrais d’une étrange affection compulsive pour BLACK SABBATH. Ne me demandez ni pourquoi, ni comment, je n’en sais rien. Alors qu’aujourd’hui le groupe donne à Birmingham ce qui est annoncé comme étant le dernier concert de sa dernière tournée, mes pensées errent dans le hall vide de la Genting Arena où tout à l’heure s’époumoneront près de 15.000 futurs orphelins. 15.000 children of the grave.

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Me revient forcément à l’esprit le 04 juillet 2014. Cet été-là, je n’avais eu d’autre choix que de me rendre à Londres et assister au British Summer Festival. BLACK SABBATH y mettait un terme à la tournée de son dernier album studio (« 13 ») dans le cadre verdoyant d’Hyde Park, en compagnie de FAITH NO MORE, SOULFLY, MOTORHEAD et SOUNDGARDEN. Je craignais qu’il ne s’agît peut-être là de la toute dernière occasion de les voir sur scène. Le concert en plein air, devant une foule immense, fut splendide, et la communion entre le public et le groupe intense. Un moment rare d’évidence, qui ne pouvait qu’en appeler d’autres. Aussi quand le groupe, malheureusement toujours amputé de Bill Ward, son batteur originel, annonça une ultime tournée mondiale dénommée THE END se concluant les 2 et 4 février 2017 dans leur fief de Birmingham, mon sang ne fit qu’un tour tandis que ma tirelire se brisa en tombant au sol. Plus qu’un signe, un ordre ! Il FALLAIT que j’en sois.

Pourquoi BLACK SABBATH ? Cette question me hante sans cesse. Aussi loin que je puisse remonter le fil de mes souvenirs, j’ai toujours suivi tant la carrière du groupe que celles d’Ozzy ou Tony en solo. Mais du haut de mes 12 ans en 1979, quand ma passion pour le metal prit forme, le groupe originel, celui constitué de Tony Iommi à la guitare, Ozzy Osbourne au chant, Geezer Butler à la basse et Bill Ward à la batterie, avait explosé en plein trip depuis quelques mois déjà. Assis à quelques mètres du bar, perdu dans mes pensées, j’observe les premiers fans pénétrer dans le hall de l’arena et les pintes se remplir à la chaîne. J’en profite pour déclarer ouverte l’ultime BLACK SABBATH fashion week ! T-shirts, sweat-shirts, vestes, patchs, bonnets,… Un défilé historique passe aujourd’hui en revue toutes les époques. Y compris l’ère Dio, la carrière de DIO en solo, et même Randy Rhoads. L’œcuménisme du Sabbat Noir. Le plus surprenant est que ces tenues sont aussi « vintage » que ceux qui les portent. Ce soir, comme tous les soirs depuis le 20 janvier 2016, le public ne sera pas « hype » mais « true ». Le voilà, peut-être, le secret de la longévité des quatre de Birmingham. L’humilité, l’authenticité. Les crânes dégarnis et les chevelures grises se croisent, les visages s’illuminent au gré des rencontres, de puissants rires éclatent (les anglais rient fort). La moyenne d’âge semble tourner entre 35 et 60 ans, et il me semble même déceler un nombre significatif de septuagénaires. Exceptionnellement, tous les pensionnaires des maisons de retraite alentour ont quartier libre ce soir. Je m’interroge. Quel âge faut-il donc avoir pour avoir vu BLACK SABBATH sur scène dans sa formation historique lors de sa première époque ? Combien sont-ils aujourd’hui à pouvoir dire : « J’y étais ! » ? Iommi, Osbourne et Butler eux-mêmes taquinent chacun les 70 ans. Et pourtant ils viennent d’enquiller 80 dates à travers le monde. Authentiques, dévoués à la cause du metal. Sans compromis. Je replonge dans mes souvenirs…

BLACK SABBATH explosé, DEEP PURPLE dissout, LED ZEPPELIN mort… Le « hard rock » à la fin des années 70 est moribond, mais AC/DC, JUDAS PRIEST et la N.W.O.B.H.M. vont avec d’autres contribuer à le faire rebondir. Un vent de jeunesse souffle et emporte tout sur son passage. Quand je découvre BLACK SABBATH au travers de l’album « Paranoid » neuf ans trop tard, j’ai l’impression d’être Champollion. Quelle déception ! Un disque de vieux ! Une pochette qui s’ouvre sur un quartet de hippies en noir et blanc ! Une production bien peu enthousiasmante ! Jeune et con à la fois, plombé par un budget serré d’ado pré-internet, je passe malgré moi mon été à écouter en boucle cet album qui a englouti tout mon argent de poche. J’ai mis beaucoup de temps (des années) à me plonger dans les autres albums du groupe. Mais rétrospectivement, je ne m’en plains pas. J’avais le meilleur ! Et puis en 1981 je pris une grosse claque avec « Diary of a madman »… Un chroniqueur de la presse metal naissante écrivit un jour au sujet d’Ozzy : « Cette voix de crécelle faite pour tout sauf chanter… ». Tout était dit. Si vrai. Faire d’évidentes faiblesses une force. BLACK SABBATH d’un côté et Ozzy Osbourne de l’autre auront balisé mon parcours de métalleux. Au point aujourd’hui de me rendre fou ?

Nous sommes le 04 février 2017 et je suis loin de ma chambre d’ado. Nous sommes environ 15.000 à Birmingham. LED ZEPPELIN ne se reformera plus. DEEP PURPLE démarre une tournée d’adieu et on les croit sur parole. BLACK SABBATH tirera sa révérence dans quelques heures, mais ça, on ne peut se résoudre à le croire. Je n’ai pas été tendre avec les prestations d’Ozzy ces dernières années, mais depuis 2014, force m’est de reconnaître qu’il n’a eu de cesse de me faire mentir. Plus je le vois, plus il m’épate. Il s’est donné corps et âme à cette ultime reformation du Sabbath, et avec Iommi est le principal artisan de sa réussite. Certains « vieux » groupes se produisent sur les rotules, leurs membres arrivent et repartent séparément, n’échangent que très peu, que ce soit entre eux ou avec le public, et entretiennent moins la flamme que la vache à lait. Des reproches que l’on ne peut pas faire à SABBATH.

Finies les rêveries ! A 16 h 15 précises, délesté de mon smartphone, je suis guidé jusqu’à la salle pour assister au soundcheck en comité restreint. Environ 250 privilégiés, massés devant la scène, dans cette immense arena vide et parfaitement éclairée. Les « intérimaires » sont les premiers à apparaître. Adam Wakeman, le fils de son père, aux claviers pour Sabbath depuis quelques temps, est le premier à monter sur scène. Il nous gratifie d’une version très fidèle de « Changes » que seules quelques fans de la gente féminine chantonnent. Le look grunge et souriant, le jeune homme est très discret. Un intervenant vient nous présenter la soirée, et nous précise que nous allons assister au dernier show de SABBATH… « ever » (!) (mais qu’Ozzy sera de retour dès l’année prochaine en solo aux Etats-Unis). Il se propose de répondre à nos questions, mais une seule brûle les lèvres des spectateurs : « Bill Ward sera-t-il là ce soir ? ». La réponse fuse : « S’il est là je ne l’ai pas encore vu ! ». Derrière la batterie, ce sera Tommy Clufetos. Comme il en est depuis mai 2012. C’est d’ailleurs lui qui se présente ensuite devant nous, s’installe derrière son kit, et débute un échauffement fait d’étirements et de démonstrations très sympathiques. La tension monte de 2000 crans quand finalement Geezer Butler et Tony Iommi surgissent chacun d’un côté de la scène, s’enlacent comme s’ils ne s’étaient pas encore vus, et viennent nous saluer. Tout sourire. Ensemble, totalement « à froid », ils se lancent désinvoltes dans une version instrumentale de « Symptom of the universe » qui terrasse l’assistance. Quel son, bordel ! Tout paraît si simple. Si puissant. Quel plaisir de jouer, et tout simplement d’être là, sur scène, devant « quelques » fans. Puis c’est Ozzy qui arrive, au pas de charge (toute proportion gardée). Accolades à nouveau. Sourires, rires. La (petite) foule exulte. Et c’est parti pour « Iron Man ». Ozzy harangue les 200 et quelques privilégiés comme si les 15.000 spectateurs étaient déjà présents. Lui qui, fut un temps, ne s’éloignait jamais de son pied de micro va chercher une bouteille d’eau devant la batterie entre deux couplets (sans se perdre). Bien sûr, il nous dit qu’il nous aime. Qu’ils nous aiment. Leur prestation « à la cool » suinte la joie, le bonheur. Ces quatre gars ont l’air tellement heureux. « Si on est toujours là, c’est à vous qu’on le doit ». Ozzy le répétera deux fois au cours du concert, maladroitement. Après cet « Iron Man », Ozzy repart, non sans nous envoyer quantité de signes d’affection, en toute simplicité. Il n’y pas de stars sur scène. Tony, Geezer et Cufetos se lancent alors dans une version instrumentale de « Zero the Hero », extrait de l’album « Born Again ». On comprend pourquoi ces musiciens qui n’ont pas la flamboyance des Page ou Blackmore sont si uniques. Le sens du riff,… cela signifie beaucoup dans la musique que nous aimons. Cela signifie tout. Iommi maîtrise cet art à la perfection. « Tony les doigts de fée » ! Ou plutôt « Tony les demi-doigts de fée » ! Et même pour être totalement précis, « Tony les demi-doigts de fée chaussée de bottines ». Les mains dans les poches de sa veste à capuche gris clair, il reste quelques instants entouré de ses techniciens devant la batterie, puis s’éclipse en nous saluant. Nous retournons patienter au bar. En attendant l’ouverture des portes et le début de… LA FIN.

Ce soir à Birmingham se donne le 81ème concert de la tournée THE END. Faut-il s’attendre à un événement exceptionnel ou un concert de plus, fut-il ultime ? That is the question. BLACK SABBATH a donné son dernier concert en France le 19 juin 2016 au Hellfest. Treize titres d’anthologie, la setlist basique de cette tournée historique. Treize titres qui à l’évidence seront joués ce soir, avec des surprises ?

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Un seul groupe a eu l’honneur de parcourir le monde avec la bande à Ozzy et d’ouvrir pour chacun de leur concert : RIVAL SONS. Pour les américains aussi c’est donc le bout de la route ce soir. Pour l’occasion, Scott Holiday (guitare) a sorti du placard de son tour-bus son plus beau costume (le bleu et grenat) et Jay Buchanan (chant) s’est appliqué sur ses plus belles moues. Occupant à la perfection l’espace visuel et sonore, les frères ennemis du rock’n’roll vintage délivrent en huit titres un show rodé qui chauffe merveilleusement bien une assistance grossissant à vue d’œil. Certes ils font allure de jeunots à côté des héros du jour, mais la classe est là. Indéniablement. Leur setlist s’articule autour de « Great Western Valkyrie » et « Hollow Bones » sorti l’année dernière. De quoi réaliser un joli soufflé d’énergie, qui malheureusement retombe un chouïa avec la ballade « Fade out » à mi-parcours. Leur concert s’achève par quantité de remerciements envers ceux qui les auront accompagnés au cours de cette aventure, vite expédiés tant la soirée semble millimétrée. La lumière se rallume et révèle une salle dorénavant comble. La sono crache à nouveau son fond sonore. Le même album qui tourne en boucle depuis l’après-midi. « Powerage » d’AC/DC. What else ?

La tension monte. Le bar est pris d’assaut. Mais les minutes qui nous séparent du début du show de SABBATH semblent filer en un rien de temps. A 20 h 40 précises, comme prévu, les lumières s’éteignent alors que sur le rideau qui masque la scène est projetée la vidéo de naissance d’une abomination infernale jusqu’à ce que « BLACK SABBATH » s’inscrive en lettres de feu géantes sous les hourras. La pluie se fait entendre, l’orage gronde, les cloches résonnent. Les files d’attente au bar glissent dans l’urgence vers l’entrée de la salle qui thrombose. 15.000 gorges hurlent ! Le rideau tombe, révélant Ozzy entouré de Geezer et Tony sur une large scène surmontée de la batterie de Tommy, derrière laquelle est placé un imposant écran sur lequel apparaît chaque miette de la soirée. Le son est clair et FORT. Comme d’habitude, est-on tenté d’ajouter. « We love you all ! » s’exclame Ozzy. « Black Sabbath », le titre à l’origine de toute cette histoire… et c’est parti pour deux heures de communion. Des flammèches brûlent en quasi permanence au-dessus des murs d’amplis situés de chaque côté de la batterie sur toute la largeur de la scène, mais aussi autour de l’énorme gong placé tel un halo derrière Tommy Clufetos. Il ne faudra pas plus d’effets pour accompagner la musique sobre, noire, froidement métallique mais si groovy des pères du heavy metal. Une musique écrite entre 68 et 78. Et pourtant il ne viendrait à l’esprit de personne ce soir de penser un instant que l’on célèbre les années 70. Cette musique à nulle autre pareille, intemporelle, massive, accompagnée de ce chant unique, est tout sauf le reflet d’une décennie, elle fait figure de Canon. Iommi en est définitivement le maître alchimiste. Quatre gamins l’ont créée il y a bientôt cinquante ans, à l’aube de leur majorité. Il y a de la magie dans cette aventure. Et ces quatre gamins en sont toujours, même si l’un d’entre eux, Bill Ward, n’est pas là pour d’obscures raisons. Ont-ils véritablement été à l’origine de toutes les familles du metal ? Probablement. Ils ont créé le moule originel, et gardé l’humilité de leurs jeunes années. On n’attend pas ce soir de longs discours, de fanfaronnades, de bons mots. Ce n’est pas le genre de la maison. Dans la matinée, un reportage tournait en boucle sur BBC news, relatant le concert du jeudi à Birmingham et proposant une courte interview d’Ozzy, qui, avec l’élocution dont il a le secret, expliquait qu’il ne ferait pas de long discours car il ne sait pas. Réalisent-ils eux-même ce à quoi ils mettent un terme ce soir dans cette enceinte ? On peut en douter. Ils sont là, nous sommes là, pour célébrer cinq albums fondateurs d’un style musical. C’est tout. Et bien évidemment, les albums « Black Sabbath » et « Paranoid » sont à l’honneur. Après le morceau éponyme, le concert enchaîne sur « Fairies wear boots », puis Ozzy introduit « Under the sun / Every day comes and goes », un titre de Vol.4 qui n’est pas joué sur chaque date. Ca s’annonce bien ! Geezer et Iommi ne sont pas les musiciens les plus expansifs sur scène, et ils sont fidèles à leur réputation. Ils n’ont jamais beaucoup bougé non plus. Ils n’ont pas plus changé sur ce point. Mais il suffit de voir le sourire sur leur visage pour comprendre leur bonheur. Un bonheur partagé par une foule aux anges dont les enfants du pays font la fierté. Pas de tristesse au programme ce soir. Nous n’assistons pas à un enterrement mais à une célébration. L’ambiance est à la fête ! Comment pourrait-il en être autrement : « After Forever », « Into the void », et puis « Snowblind » ! Ozzy présente à ce moment les membres du groupe (on ne sait jamais, dès fois que…). On sent bien alors le discret Geezer Butler touché par les acclamations du public. Mais le vainqueur à l’applaudimètre est Tony Iommi. Sans contestation. Toujours est-il que le madman, malgré son élocution, malgré des problèmes de lombaires qui le maintiennent légèrement voûté, malgré ses petits pas… est redevenu un charismatique frontman, développant une gestuelle dont toutefois les fondements nous échappent encore. C’est un gamin. Un gamin qui prend un malin plaisir à fixer Iommi pendant ses solos en multipliant les grimaces à son attention. Le ténébreux guitariste n’a d’autre choix que d’éclater de rire et perdre son flegme légendaire. De vrais gamins ! Contents d’être là, contents du moment, et au diable l’avenir ! Ozzy est particulièrement intenable deux heures durant. Est-ce une résurrection ou la poussée d’adrénaline liée à l’événement ? Le show se poursuit avec « War Pigs ». Ce titre éculé entendu des millions de fois reste une tuerie qui a le don de retourner la salle ! 15.000 spectateurs en transe. Ozzy nous demande de taper dans nos mains, je me retourne par curiosité et je vois la salle entière frapper ! Jusqu’au dernier rang situé sous le toit tout au fond, à l’opposé de la scène ! Comme tout le monde, j’accompagne en choeur la mélodie de ce titre, à force de « Ohhhhhh oh OhOhOh ooooh,… » mais je suis incapable de m’entendre ! C’est indescriptible ! La communion est à son paroxysme. La fête continue : « Behind the wall of sleep », « N.I.B. » et son intro à la basse, « Hand of Doom »… Ce dernier fait retomber l’ambiance d’un poil, mais si peu. L’album « Paranoid » est la pierre angulaire de BLACK SABBATH. Pas moins de six de ses huit titres sont joués ce soir. C’est un monument. Ni du rock ni du metal. Un monument de la musique tout court. Mes émotions d’ado trouvent à nouveau un sens. Mais je comprends une fois de plus ce soir ce qui différencie un concert de BLACK SABBATH de ses albums studio : le son de la guitare de Iommi live. A mon sens, aucun album, studio ou live, n’a jamais retranscrit ce son hyper puissant et metallique. Iommi joue tout simplement FORT. Sa guitare terrasse, ventile, éparpille, dissout, pulvérise ! C’est encore le cas ce soir. Cette science du riff, qui jaillit de ses doigts dans le medley qu’il a préparé et répété uniquement sur les deux dates précédentes. Un medley instrumental enchaînant « Supernaut », « Sabbath Bloody Sabbath » et « Megalomania ». Foudroyant. Destructeur. La meilleure des réponses à la déclaration d’amour du public. Un remerciement en trois actes. « Rat Salad » met en valeur le jeu de Tommy Clufetos, tout en diffusant derrière lui des images de Bill Ward, le grand absent… Le groupe revient pour « Iron Man ». Sur la mélodie de ce titre, devant moi, un spectateur invisible agite une cane, de droite à gauche et inversement. J’imagine Agecanonix présent à nos côtés. Je ne serais pas surpris que ce soit lui tant la communion est intergénérationnelle. La fête bat son plein. Nous sommes dans une autre dimension. Le groupe est porté par les acclamations du public. « Dirty Women » annonce la fin de la soirée, un titre issu de « Technical Ecstasy » qui permet à Iommi de briller dans un long solo que l’on aurait souhaité sans fin. Ozzy nous remercie, nous rappelle qu’ils nous doivent ce qu’ils sont, s’exprime maladroitement, fait retentir son désormais célèbre « coucou !», et annonce « Children of the grave ». Jamais the end n’a été si proche. D’innombrables ballons noirs et mauves, aux couleurs de la pochette de « Master of Reality », tombent du plafond. La situation devient très confuse ! La Genting Arena de Birmingham est une enceinte de bonheur. Le groupe prend congé quelques brèves secondes, la voix d’Ozzy résonne : « Criez « one more song » et on revient !! » ! Ils reviennent… pour « Paranoid »… sous une pluie de confettis (En fait de petits rubans de papier aux couleurs noires et mauves toujours, frappés du nom BLACK SABBATH). Ca y est. On y est. THE END. Le groupe est ému mais n’en fait surtout pas des tonnes. Iommi écarte sa veste pour bien montrer son t-shirt « Birmingham, est. 1968 », le pouce levé vers la foule, puis jette une poignée de médiators dans la fosse. Le groupe se retrouve devant la batterie pour saluer l’assistance. Ozzy trouve le moyen de raconter quelque chose à l’oreille de Tony qui a pour effet de le faire éclater de rire. Une salve de pétards (pour environ 18,75 €) les accompagne. Ils prennent une photo à cinq, puis une à trois. Ozzy, Geezer, Tony. Tout sourire ils quittent alors la scène, tandis qu’Ozzy nous souhaite une bonne soirée. Fin de l’histoire. Le public n’en peut plus de crier ni d’applaudir, alors que la sono diffuse le calme « Zeitgeist » issu de l’album « 13 ». Peu sont ceux à se résigner à quitter immédiatement la salle. Quatre fans me demandent de les prendre en photo devant l’écran qui affiche « THE END ». Le sol est jonché de confettis et de ballons éclatés. Le concert a été d’une puissance phénoménale, soutenu par un public en transe. 50 ans plus tard, non seulement la musique de BLACK SABBATH n’a pas pris une ride, mais elle s’est bonifiée. Une grosse leçon de metal. Une leçon d’efficacité, d’intemporalité.

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Mais il est temps de partir. Les spectateurs sortent et se dirigent vers les transports en communs. Nous dînons à proximité de la salle, dans un restaurant pris d’assaut par les spectateurs. Les convives échangent leurs impressions sur le concert et les photos prises avec leurs smartphones. Le monde entier est représenté dans cette petite salle. Un monde heureux, l’ambiance est aux rires, à la fête. Une vision du monde qui tranche avec le quotidien de la planète. La carrière de BLACK SABBATH aurait pu se terminer à l’O2 à Londres il y a quelques jours. Il est clair qu’il fallait qu’elle se termine ici. A Birmingham.

On sait bien que les derniers concerts, les dernières tournées, ne sont les derniers ou dernières… que jusqu’aux prochain(e)s. Mais on sait aussi que l’âge est là, que la maladie a pour l’instant laissé Iommi tranquille, que l’avenir est forcément incertain. Ces musiciens ne resteront pas inactifs. C’est toute leur vie. Mais rejoueront-ils un jour ensemble ? Même si Ozzy a déclaré que non, 2018 marquera les 50 ans du groupe. Ce serait bien qu’ils fassent mentir cette fin de carrière et reviennent pour un ultime rappel. Avec Bill Ward peut-être cette fois.

En attendant, Wikipedia a déjà réécrit l’histoire de Black Sabbath au passé. Difficile d’être autant à côté de la plaque.

Ce soir, vendredi 04 février 2017, BLACK SABBATH m’aura volé le petit pincement au cœur auquel je m’étais préparé, pour lui substituer un sourire techniquement extatique.

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