Je comprends vite, mais il faut m’expliquer longtemps…
Gratuit (adjectif) : Qui est fait ou donné sans qu’il en coûte rien, dont on jouit sans payer. (LAROUSSE)
Ah comme c’est beau et attirant, la gratuité… c’est même paradoxalement l’argument de vente ultime. « Achetez, il ne vous en coûtera rien ! ». Pas étonnant dès lors de l’afficher en gros caractères sur la couverture d’un magazine ou d’un fanzine ! Ainsi va la presse… les ventes s’effondrent, les lecteurs disparaissent, les journalistes sont mal payés (ou plus du tout), et on en vient à donner gratuitement le fruit de son travail. Pourtant il y en a toujours pour s’investir dans cette passion ingrate. C’est tout à leur honneur. Ce sont ces acteurs de l’ombre (rédacteurs, éditeurs, photographes, graphistes,…) qui donnent de leur personne, de leur temps pour faire vivre le milieu, le rendre visible, altruistes jusqu’au bout des ongles rongés par le stress. J’en sais quelque chose…
Gratuit. C’est un concept précis, c’est aussi un choix. Si un fanzine est donné, c’est qu’il est autofinancé. C’est que par un moyen qui ne fait pas appel à ses lecteurs, il couvre ses frais de fonctionnement. Y parvenir est aussi un exploit.
Comment cependant résoudre le problème de la diffusion ? Par des points de « vente » spécifiques. Les bars, les salles de concert, des commerces ciblés qui acceptent de jouer le jeu… Mais pour le lecteur avide de publications « papier » qui ne fréquente pas ces réseaux, comment se le procurer ?
METAL OBS’, le magazine metal gratuit que l’on trouve notamment dans les FNAC et qui vient de fêter ses 10 ans (quel bail !) propose sur son site web un abonnement aux lecteurs éloignés de ces magasins. Le principe est simple : il suffit de leur envoyer de quoi couvrir les frais de port. Normal, me direz-vous, puisque le magazine est gratuit ! Absolument, vous répondrai-je ! C’est même le principe ! (jusque là, je comprends)
Mais voici que de nouvelles pratiques apparaissent dans le fanzinat gratuit, qui interpellent mes neurones et mon sens de la réflexion… Un fanzine que je ne citerai pas propose aux personnes trop éloignées pour se le procurer dans les lieux habituels de dépôt, de le recevoir à la condition de commander un t-shirt et divers goodies (eux aussi gratuits à moins que « en prime » ait un sens que j’ignore [Recevez chez vous les 6 numéros de la saison 2017/2018 avec en prime, 1 T-shirt, des badges et des stickers !] ) moyennant la somme de 29 €. Cela me paraît chère la gratuité (et met le fanzine quasiment au même prix que RockHard pour celui qui n’a rien à faire du t-shirt et des goodies). Mais on ne manquera pas de me faire comprendre que je m’égare, que je suis à côté de la plaque, voire mesquin, et que j’en veux audit fanzine. Fort bien, mais je préférerais qu’on m’explique plutôt la logique de cette pratique.
Soyons clairs, je ne porte ici aucun jugement sur la qualité de ce fanzine ni les personnes impliquées dans sa conception. C’est cette « offre » « commerciale » qui me choque, qui revient à dire : « Vous voulez notre fanzine gratuit ? Pas de souci, commandez-nous un t-shirt et on vous l’envoie ! ».
Il y aura ainsi deux sortes de lecteurs, ceux qui le prennent gratuitement sur une table de bar, le lisent et le jettent, et ceux qui le lisent avec un t-shirt neuf tous les six numéros, acheté certainement pour générer un peu de trésorerie permettant dans le meilleur des cas de permettre à ceux qui se fournissent dans les bars de continuer à en profiter avec une vraie gratuité. Pourquoi pas…
Pour autant, si ce fanzine proposait une seconde offre permettant de se procurer uniquement le fanzine en payant simplement les frais de port, je comprendrais tout.
Mais ma « méchanceté » m’aveugle, je l’ai bien compris. On me l’a bien fait comprendre en tout cas.